Le Canada risque de connaître une grave pénurie de logements d’ici 2030

Image: Cockagphoto / Shutterstock

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a récemment publié un rapport qui souligne la nécessité pour le Canada de construire 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 afin de résoudre la crise de l’accessibilité au logement.

La maire de Montréal avait dénoncé en septembre dernier sur Twitter les difficultés que sa ville rencontrait en matière de logement.

Selon le rapport de la SCHL, la majorité du déficit de l’offre se situe dans les provinces de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Le rapport souligne qu’une approche différente est nécessaire pour remédier à la pénurie d’offre de logements, car l’augmentation de la demande et les problèmes d’abordabilité demeurent un problème pressant.

Le rapport de la SCHL indique que l’augmentation de l’offre de logements sera une tâche difficile, car il faut beaucoup de temps pour construire de nouvelles maisons et pour passer par les processus d’approbation gouvernementaux. Le rapport soutient que pour atteindre l’abordabilité d’ici 2030, des mesures doivent être prises dès maintenant.

Si le rythme actuel des nouvelles constructions se maintient, la SCHL estime que le parc immobilier du pays augmentera de 2,3 millions d’unités d’ici 2030, ce qui portera le nombre total d’unités à près de 19 millions. Toutefois, pour que tous les Canadiens aient accès à un logement abordable, il faudrait 3,5 millions de logements supplémentaires.

Le rapport note également que le ralentissement du marché de l’habitation et la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction pourraient empêcher le pays de porter son parc immobilier à plus de 22 millions de logements d’ici 2030. Ces facteurs, ainsi que la hausse des coûts de financement, ont créé des difficultés à court terme pour le marché du logement.

Les économistes ont également commenté le défi que représente l’atteinte des objectifs de la SCHL, affirmant qu’il sera difficile d’atteindre les objectifs fixés dans le rapport. Des facteurs tels qu’un faible taux de chômage dans le secteur de la construction, une pénurie de métiers spécialisés et la hausse des coûts des matériaux de construction font qu’il est difficile de doubler efficacement le taux de nouvelles constructions au cours de la prochaine décennie sans pression inflationniste importante.

Selon le rapport de la SCHL, pour résoudre la crise de l’abordabilité du logement, il faut rendre les systèmes de réglementation plus efficaces et les gouvernements doivent investir dans les infrastructures. Le rapport préconise également des mesures visant à accroître la demande de nouveaux logements, comme des politiques de contrôle des loyers et des incitatifs fiscaux pour les promoteurs qui construisent des logements abordables.

Le rapport indique que les deux tiers du déficit de l’offre se situent en Ontario et en Colombie-Britannique, deux marchés qui ont connu une baisse importante de l’abordabilité. En 2003 et 2004, un ménage moyen aurait dû consacrer près de 40 % de son revenu pour acheter une maison moyenne en Ontario et près de 45 % en Colombie-Britannique. En 2021, ce chiffre atteindra près de 60 %. Le rapport indique également qu’une offre supplémentaire est nécessaire au Québec, car l’abordabilité dans la province a diminué au cours des dernières années.

Le rapport de la SCHL suggère que, pour s’attaquer à la crise de l’abordabilité du logement, il est essentiel d’augmenter l’offre de logements en construisant davantage de logements et en faisant un meilleur usage des terrains existants. L’agence croit que l’industrie de la construction doit devenir plus productive et plus efficace, et que les gouvernements doivent simplifier les systèmes de réglementation afin d’accélérer le processus d’approbation des nouveaux projets d’habitation.

L’un des principaux problèmes auxquels est confronté le marché du logement est le manque d’options abordables pour les primo-accédants. Le rapport indique qu’afin de rendre les logements plus abordables, les gouvernements doivent se concentrer sur des politiques qui soutiennent la construction d’un plus grand nombre de logements d’entrée de gamme. Il pourrait s’agir de mesures comme des incitatifs fiscaux pour les promoteurs qui construisent des logements abordables ou des subventions pour les premiers acheteurs.

Un autre facteur important que le rapport de la SCHL souligne est la nécessité d’investir davantage dans les infrastructures. L’organisme fait valoir que l’insuffisance des infrastructures constitue un obstacle majeur à la construction de nouveaux logements, en particulier dans les régions rurales et éloignées. L’investissement dans des infrastructures telles que les routes, les transports en commun et les réseaux d’aqueducs et d’égouts peut contribuer à rendre les nouveaux ensembles résidentiels plus viables et à améliorer l’accessibilité pour les résidents.

Outre l’augmentation de l’offre de logements, le rapport préconise également des mesures visant à accroître la demande de nouveaux logements. Cela pourrait inclure des politiques comme le contrôle des loyers, qui peut aider à stabiliser les prix des logements et à les rendre plus abordables pour les locataires.

En conclusion, le rapport de la SCHL indique clairement que la crise de l’abordabilité du logement au Canada est un problème complexe qui exige une solution à multiples facettes. La construction d’un plus grand nombre de logements est un élément important de l’équation, mais ce n’est pas la seule réponse. Pour vraiment s’attaquer à la crise, les gouvernements doivent aussi se concentrer sur des politiques qui augmentent la productivité de l’industrie de la construction, rationalisent les systèmes de réglementation, investissent dans les infrastructures et soutiennent les premiers acheteurs et les locataires.