Le gouvernement veut que l’Europe découple les prix de l’électricité et du gaz. En cas de non-satisfaction, iront-ils jusqu’au conflit ?
En France, on estime que l’on doit imposer les choix jugés indispensables au profit de la nation, car il s’agit de la grande nation France. Dix jours avant un conseil des ministres entre la France et l’Allemagne s’annonçant très explosif, plusieurs désaccords se sont amassés entre Berlin et Paris. De telle sorte que le ton employé devient surtout offensif au sein de l’entourage du gouvernement.
Un élément du gouvernement murmure d’ailleurs que l’Europe devra supprimer la corrélation entre les prix du gaz et ceux de l’électricité au cours du prochain semestre. Il explique que si ce n’est pas le cas, la France serait prête pour le conflit et qu’elle est obligée d’y mettre tout son poids politique. Ce dernier est certainement agacé par cette polémique durant depuis plus d’une année déjà et qui semble aller vers un conflit politique.
Le mécanisme européen altéré
Avec la crise subie actuellement par les entreprises et les particuliers européens, le procédé utilisé pour fixer les prix en Europe, de l’électricité donne lieu à de rudes combats. Plusieurs nations, y compris la France, exhortent la Commission européenne à supprimer le système actuel. Dans ce système, c’est le plus coûteux des combustibles de l’Union qui détermine les prix pour toute l’électricité ayant été produite. Actuellement, ce combustible est le gaz.
Effectivement, sur les commerces de gros concernant l’électricité, le montant du MWh change selon les coûts de production marginaux. Il s’agit de la logique appelée merit order. Dans le but de répondre à cette demande, les usines appelées en premier lieu sont les énergies propres. Leurs unités de production ne coûtent pas très cher.
Il y a ensuite, le nucléaire, et après les différentes centrales thermiques à savoir celles à gaz, celles à charbon puis celles au fioul. Elles sont classées en fonction du prix du combustible. Le système étant créé pour stimuler les investissements au sein des énergies renouvelables, il attribue le prix selon le dernier générateur désigner pour répondre à la demande. Il s’agit la plupart du temps du gaz, ce qui lie son coût à la valeur des diverses autres énergies.
La hausse des coûts du gaz, préalablement au conflit en Ukraine, a obligé la France depuis l’automne 2021, à revendiquer la modification de ce système. En effet, la France dépend très peu des fossiles représentant juste 7,5 % de l’énergie électrique produite au sein du pays. En comparaison, c’est 41 % de l’énergie électrique en Espagne et 43,8 % pour l’Allemagne.
La suggestion française a été présentée au cours d’un sommet extraordinaire européen sur l’énergie, en octobre 2021, au Luxembourg. Les pays qui dépendent fortement du gaz ont d’ailleurs très bien accueilli cette idée. Pour eux, la crise qui sévit actuellement est en liaison avec des causes mondiales purement circonstancielles. La commission avait finalement décidé que le système en place était efficace.
Querelle politique et économique
Une année après, les prix ont explosé en Europe et ont mis au supplice plusieurs entreprises qui se retrouvaient avec des factures aux montants exorbitants. L’Espagne et le Portugal qui sont isolés en Europe et n’échangent pas beaucoup d’électricité avec les voisins ont eu une dérogation. Celle-ci leur permet de limiter le prix du gaz qu’ils utilisent pour la production de l’électricité, dans le but de contenir l’augmentation des prix.
Toutefois, la France a vu son autonomie rétrécir depuis une dizaine d’années et en hiver, elle dépend des pays voisins pour faire face aux pics de consommation. Il s’agit entre autres de l’Allemagne grâce à ses centrales à charbon. La France milite par conséquent pour un détachement total entre les prix de l’électricité et du gaz dans toute l’Europe. Cela permettra aux prix de refléter les vrais coûts de production.
Les pays qui dépendent le plus des fossiles avec l’Allemagne comme tête d’affiche s’y opposent vigoureusement et la raison est simple. Depuis que l’Allemagne a quitté le nucléaire et relancé 26 centrales à charbon ces derniers temps, ses coûts de production en électricité ont explosé. Un conseiller déclare que Berlin ne veut pas que les sociétés françaises aient une électricité moins coûteuse que les sociétés allemandes. En effet, c’est ce qui se produirait s’ils appliquent les coûts réels de production. Il dénonce aussi qu’un combat de positionnement sur le nucléaire se déroule derrière. Berlin, de son côté, exerce une pression féroce sur la Commission européenne en vue d’un plombage du nucléaire français. Elle refuse de le considérer comme étant une des sources d’énergie écologiques.
Un orateur du gouvernement déclare, mécontent, qu’ils en ont assez supporté. Ce dernier est soucieux de la politique climatique créée par ce désaccord en France. Effectivement, les oppositions, des RN à la Nupes, ainsi que les républicains revendiquent fermement une sortie simple et pure du marché de l’électricité européen. Un discours radical, simple, aisément transmis au sein de l’opinion qui risque de défavoriser plusieurs polémiques à venir, avec en premier lieu celle des retraites.